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Note des éditeurs : Communication du 26 mai 2018 à 16h00. Envoi par courriel aux éditeurs le 7 juin à 12h30.

C’est une histoire de fiction, développée parallèlement à un fanzine graphique punk qui s’appelait Toi et moi pour toujours. Un moment donné, le collectif de Toi et moi pour toujours a rencontré des gens qui travaillaient dans la télématique, et qui nous ont donné l’occasion de créer un premier roman télématique, ACSOO abandon commande sur ordre opérateur. Je n’ai aucun souvenir de ce roman, une fiction graphique arborescente, qui a été exposé à Paris pour l’exposition Electra au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en décembre 1983.

Puis nous avons fait une exposition à Lyon en 1984, avec Toi et moi pour toujours sur le thème de la Carte du tendre. Nous avons tagué 500 m² de moquette, sur lesquels nous avons disposé neuf Minitel. Sur chaque Minitel était disponible la vie d’un personnage de fiction, sous la forme d’un roman télématique nommé Toi et moi pour toujours : elles sont de sortie. Les personnages se renvoyaient les uns aux autres, d’un Minitel à l’autre. L’exposition eut lieu à l’Espace lyonnais d’art contemporain 1984. Elle était conçue et organisée par Thierry Raspail.

Pour l’exposition Les Immatériaux en 1985 à Beaubourg, nous avons développé un dernier roman télématique, l’Objet perdu. L’Objet perdu est une œuvre de Jacques-Elie Chabert, Dominique Horvilleur et moi-même. La structure du roman était inspiré par l’histoire d’Osiris, dont le corps a été découpé en morceaux et jeté dans le Nil. Sa femme Isis a récupéré les morceaux pour reconstituer le corps de son époux, mais il manquait le sexe, l’Objet perdu. Ce roman avait la particularité, quand on y avait cheminé par des choix interactifs et qu’on arrivait à la fin, que les passages lus se retrouvaient fragmentés. Le lecteur pouvait y insérer ses propres parties, d’une histoire qu’il inventait, celle-ci étant renvoyée dans une base de données accessible aux autres lecteurs. Chaque lecteur devenait auteur, en reconstituant son trajet et en le complétant. Le corps de l’histoire Objet perdu était constitué par celle d’Olga, une publicitaire, et celle de Max, un chauffeur de taxi, avec en colonne vertébrale leurs échanges téléphoniques. Toutes les « pages écran » (comme on disait à l’époque) étaient reliées entre elles par une architecture informatique.

Avec la disparition du Minitel, tous ces romans ont également disparu. Le laboratoire PAMAL voulant reconstituer l’Objet perdu, nous nous sommes retrouvés à Avignon pour recréer la structure à partir d’une trace faite de sérigraphies sur des feuilles plastiques. Premier constat, les feuilles de plastique imprimées se déformaient en se repliant sur elles-mêmes et étaient cassantes.

Jadis ce roman télématique était en ligne et consultable par Minitel. Dans le dispositif de l’exposition il occupait un mur de moniteurs où s’affichaient les navigations des visiteurs. L’édition en sérigraphie était censée constituer le n°9 de Toi et moi. Les problèmes d’impression sur plastique ont fait échouer ce projet. Les caractères et signes sont tous issus de la mosaïque télétex. En revanche, la sélection couleur pour l’impression sérigraphique a été fabriquée de toutes pièces.

Comment était construit ce roman ? Le texte était rédigé directement sur le Minitel, ou bien chacun fournissait le texte puis il était mis en forme et illustré par des animations. Un story board sur papier permettait d’esquisser le principe des récits. Les graphismes étaient ensuite ajustés sur mesure à la console UNITEL, qui permettait de programmer les œuvres en Vidéotex.