1U1OejNGjhc * Que diraient les animaux, si…
Note des éditeurs : Performance du 26 mai 2018 au coucher du soleil. Envoi par courriel aux éditeurs le 16 juin à 12h16. Texte modifié par l’autrice le 24 mars 2019 à 15h22.
une forme d’expérience/partage proposée par Lucille Calmel dans les serres du potager du CCI de Cerisy le samedi 26 mai 2018 [1] au coucher du soleil
1U1OejNGjhc, Loki,
me plaît,
m’intrigue,
par son effet ASMR [2],
et par l’infini étonnement que je peux éprouver en explorant les vidéos animalières sur internet depuis quelques années.
Certaines, dont celle-ci, m’encouragent toujours à me questionner sur la notion de création, de création artistique [3].
Un millier de punaises plantées sur ce visage dans une édition du Guinness des records, ces femmes aux visages opérés transformés tatoués en ceux de fauve ou reptile, Steve-O de Jackass qui se fait démonter en direct par Mike Tyson, Rémi Gaillard costumé en pigeon géant qui fiente sur une voiture juste après son passage au lavage automatique, cet homme qui monte une tour à mains nues aux USA pour une cause humanitaire, cellesceux qui se postent en mèmes plank sur internet…
Pendant un temps, je me demande ce qui différencie ce type d’acte de l’art performance, je n’arrive pas à trouver d’autres possibles que ceux de la signature, de l’adresse, de la reconnaissance par les pairs…
Insatisfaction, incomplétude, à côté d’un essentiel…, je laisse en jachère pendant presque vingt ans cette interrogation quand, à cause d’une flopée de LOLcats et autres célébrités non-humaines en ligne, elle revient.
Nombre vidéos d’animaux domestiques ou sauvages troublent de par leurs actes, comportements ce qui est tancé depuis des lustres des propres de l’homme.
Les frontières alors supposées exister selon certains penseurs ou scientifiques en matière de création, de jeu, de conscience… entre animaux humains et non humains s’amenuisent ou disparaissent.
Vinciane Despret dans « O comme Œuvres / Les oiseaux font-ils de l’art ? », du livre Que diraient les animaux, si… on leur posait les bonnes questions ?…, décrit l’oeuvre de l’oiseau-jardinier, à la fois scénographe, danseur, chanteur… en interrogeant la notion de création artistique.
J’y comprends une forme de dictature/possessivité lorsque une personne/communauté nomme art une création dont l’origine peut être autre ;
J’y comprends l’art comme faire faire ; ce qui passe à travers, l’autre, qui fait faire ;
Je comprends que je n’en ai pas encore fini avec ce chapitre.
Chez les oiseaux rencontrés en ligne, je suis intriguée par les improvisations de ceux qui savent imiter voix, chants, sons mécaniques, électroniques…, le détournement slash hacking de nos technologies par d’autres, l’intelligence des corbeaux, les pies qui emmerdent les queues des chats, les interactions entre les oiseaux parlant et Siri et Alexa…
Avec Sylvain Chauveau à Bordeaux, pour me rapprocher de mon grand-père chasseur qui vient de passer, j’acquiers des appeaux, je les amène aux 24h de radio pirate en montagne de Modulation. Sur la route, Bram me parle de ces pic-verts aux usa qui utilisent antennes, gouttières, cheminées métalliques…, détournent nos technologies pour amplifier leurs productions sonores, accroître la zone d’appel de leurs congénères ; assez drôle quand on pense que les occupations humaines de fréquences sonores font baisser la population de certaines espèces d’oiseaux en les empêchant de communiquer, et donc de se rencontrer et procréer [4].
Vous
et Bram Crevits
Lucille
Calmel
2 mars 2017
Mornings: While looking on a map with Gaëtan Rusquet for a radiated jap cats island, Eduard Escoffet transformed into B Agmr Crevam to look for wild monkeys in Schaerbeek
B
Agmr Crevam aka Bram
Crevits
quand je suis encore étonnée de ta disparition, qui plus est un premier avril, j’écoute en enchaîné tes collections d’oiseaux sur youtube, je suis avec toi, je suis calme, calme et avec toi et je me dis l’image contient peut-être un oiseau, un oiseau et un
Notes
La première photographie est la main de Lucille Calmel par Albertine Meunier avec une app de reconnaissance d’objets dans les caves de Cerisy.
[1] Journée mondiale de la biodiversité et fête de la nature en France.
[2] Un des ASMR que nous regardions fascinés, Gaëtan Rusquet et moi, l’hiver dernier à Berlin.
[3] Je n’arrive pas à démêler de ces émerveillements, une tristesse, un sentiment de deuil et d’avant deuil, comme à l’amorce de quelques relations amoureuses, j’ai pu en percevoir déjà la fin. Ainsi, le foisonnement de toutes ces chaînes, pages, comptes animaliers sur les réseaux, suivis par des millions d’internautes, me renvoie à ce cliché glané dans certaines séries télévisées américaines, lorsque il y a un dernier éclat avant une explosion, une dernière explosion avant disparition. Lire à ce sujet : http://theconversation.com/hope-and-mourning-in-the-anthropocene-understanding-ecological-grief-88630
[4] Raymond Murray Schafer, Le Paysage sonore : Le Monde comme musique, Marseille, Wildproject Édition, 2010.
&
Festival européen de performance Trouble
MCD / ESAA PAMAL
BELA SACD SCAM
GOETHE INSTITUT / SLOW MEDIA INSTITUTE